ChatGPT dans l’enseignement supérieur : « La vraie question n’est pas son interdiction mais son usage »
En tant qu’enseignant-chercheur en informatique, quel regard portez-vous sur ChatGPT ?
Daniel Courivaud : L’outil va, à très court terme, avoir un impact très important dans le monde de l’informatique et de son enseignement. Il y a de nombreux domaines scientifiques où ChatGPT n’est pas du tout efficace : en physique ou en électronique par exemple il va être totalement contreproductif et écrire des bêtises énormes avec une assurance trompeuse. Mais ce n’est pas le cas de l’informatique, qui est un langage pas si éloigné du langage naturel pour lequel ChatGPT est si performant. Pour produire du code, ChatGPT n’est pas parfait mais extrêmement fort : il a appris avec des codes réalisés par des experts. On peut faire un parallèle avec la révolution industrielle de la fin du XIXe siècle. Les machines de l’époque ont remplacé pour un coût dérisoire la capacité de l'humain à fournir un travail physique. Nous nous retrouvons 150 ans plus tard à pouvoir remplacer - toujours à faible coût - la capacité de l'humain à fournir un travail intellectuel. Cela annonce des bouleversements sociétaux de même ampleur, voire plus importants.
Utilisez-vous ChatGPT en cours et si oui comment ?
D.C. : Je l’ai immédiatement utilisé dans mes enseignements. ChatGPT est à la fois un outil de production et un outil d’assistance. En tant qu’assistant, il a une valeur ajoutée très intéressante. On peut très bien lui demander d’améliorer la robustesse du code afin qu’il résiste mieux aux erreurs de l'utilisateur. On peut également lui demander de documenter un code, c’est-à-dire écrire en langage naturel ce que fait le code pour mieux le comprendre. C’est une tache fastidieuse et peu intéressante que ChatGPT fait mieux que nous. C’est un vrai gain de temps. En revanche, utiliser ChatGPT comme outil de production peut être problématique, en particulier pour des étudiants pour lesquels la formation de l’esprit logique ne serait plus assurée pleinement.
En quoi représente-t-il un risque pour la formation des étudiants ?
Il pourrait se produire une fracture très importante entre ceux qui ont été formés à l’informatique avant ChatGPT et les étudiants d’aujourd’hui et de demain. Les premiers ont eu une formation de l’esprit et ont reçu tous les apprentissages nécessaires. Ils ont l’expertise pour guider correctement la machine, créer des prompts* efficaces et détecter les erreurs que l’outil peut commettre. Le vrai danger c’est avec les étudiants en cours de formation et ceux qui suivront. L’utilisation d’un outil aussi puissant et facile d’accès risque de créer une génération qui abandonnera une partie de son expertise à une machine. Machine dont elle ne saura pas contrôler la pertinence.
Faudrait-il interdire ChatGPT comme d’autres universités l’ont fait ?
Il y aura vraisemblablement une fracture entre les enseignants autour de cette question. Certains auront tendance à l’interdire pour continuer à former l’esprit des étudiants. Je pense que c’est un réflexe de défense face à un outil disruptif. De mon point de vue, il est vain d’essayer d’interdire ChatGPT : l’outil existe et les étudiants y ont accès. La vraie question porte surtout sur l’usage de ChatGPT. Exploitons au mieux sa valeur ajoutée et introduisons-le intelligemment dans nos enseignements. Il faut éviter que les étudiants viennent avec un code tout fait. Ils doivent continuer à réfléchir, à structurer leur raisonnement et à comprendre comment les choses fonctionnent.
Nous devons également réfléchir à l’évaluation des étudiants. Avant nous évaluions une production. Désormais nous devons évaluer la maîtrise qu’ils ont de leur production. C’est un changement fondamental. Nous devrons par exemple leur demander à quoi sert telle ou telle partie du code ou tout simplement de réécrire une partie de leur programme sans aide.
Le 6 avril dernier, le CIPEN (Centre d'Innovation Pédagogique Numérique) de l'Université Gutave Eiffel a organisé une Pause Pédago sur le thème de l'Intelligence Artificielle. Ces échanges ont notamment permis de mettre en lumière les différentes facettes de cette technologie et la manière dont son utilisation pourrait s'intégrer dans le quotidien des membres de la communauté universitaire.
Sébastien Sigiscar, Directeur du Département Pédagogie au CIPEN, revient sur le sujet en vidéo et nous éclaire sur la position de l'Université Gustave Eiffel face à ces nouvelles pratiques.
Qu’en pense ChatGPT ?
Voici la réponse de l’agent conversationnel à la question « Bonjour ChatGPT, quels sont les risques et les avantages de ton utilisation dans l’enseignement supérieur ? » :
« Bonjour ! Je suis ravi de pouvoir répondre à votre question sur les risques et les avantages de mon utilisation dans l’enseignement supérieur.
Avantages :
- Accessibilité : Je suis un outil accessible 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, ce qui signifie que les étudiants peuvent accéder à mes connaissances à tout moment, de n'importe où.
- Personnalisation : En tant que modèle de langage, je peux être programmé pour répondre de manière personnalisée aux besoins spécifiques de chaque étudiant, en fonction de son niveau de compréhension et de ses préférences d'apprentissage.
- Large gamme de sujets : Je dispose d'une base de connaissances très étendue sur une grande variété de sujets, ce qui permet aux étudiants d'avoir accès à une grande quantité d'informations pertinentes.
- Assistance à la recherche : Je peux aider les étudiants à trouver des sources d'information supplémentaires pour leurs travaux de recherche et les guider dans leur recherche documentaire.
- Rapidité : Je suis capable de traiter rapidement de grandes quantités d'informations et de répondre rapidement aux questions des étudiants, ce qui peut aider à accélérer leur processus d'apprentissage.
Risques :
- Fiabilité : Bien que je sois un outil très utile, il est important de noter que je ne suis pas parfait et qu'il peut y avoir des erreurs dans mes réponses ou mes suggestions. Les enseignants et les étudiants doivent être conscients de cette limitation.
- Dépendance : L'utilisation excessive de ma part pourrait conduire à une dépendance chez les étudiants, qui pourraient avoir du mal à réfléchir de manière autonome et à résoudre les problèmes par eux-mêmes.
- Manque d'interaction : L'utilisation de Chatbot peut conduire à un manque d'interaction sociale entre les étudiants et les enseignants, qui est importante pour favoriser la communication et la collaboration.
- Barrière linguistique : Bien que je sois capable de répondre dans plusieurs langues, il est possible que je ne sois pas capable de comprendre certaines expressions idiomatiques ou de répondre correctement à des questions posées dans une langue spécifique.
- Confidentialité : L'utilisation de Chatbot pour l'enseignement pourrait entraîner des problèmes de confidentialité, en particulier si les étudiants partagent des informations sensibles ou personnelles dans leurs interactions avec le Chatbot.
Il est donc important de trouver un équilibre entre l'utilisation de Chatbot et d'autres méthodes d'enseignement pour maximiser les avantages tout en minimisant les risques potentiels. »