Confinement et microplastiques : quand le campus se transforme en laboratoire à ciel ouvert
L'étude de la pollution microplastiques dans l'environnement est devenue un sujet de recherche majeur depuis 2004, mais la contamination du compartiment atmosphérique et des retombées atmosphériques a été mise en évidence pour la première fois dans la région parisienne en 2015.
À ce jour, bien que les facteurs influençant le dépôt atmosphérique des polluants soient bien compris, des données expérimentales font encore défaut pour soutenir la modélisation de la dynamique atmosphérique des microplastiques.
Deux catégories de facteurs sont suspectées d'influencer les taux de dépôt des microplastiques : les conditions météorologiques et les caractéristiques locales du site. Alors que la littérature scientifique pointe souvent vers ces influences, peu d'études ont jusqu'à présent considéré les variations météorologiques dans la collecte des dépôts atmosphériques.
« La concentration de particules fines a chuté de manière spectaculaire lors du premier confinement, enregistrant une diminution de 80%. C’était une opportunité unique pour mieux comprendre le comportement des microplastiques dans notre atmosphère. », souligne Johnny Gaspéri, Directeur de Recherche au Laboratoire Eau et Environnement de l’Université Gustave Eiffel.
L’étude utilise une méthodologie de quantification récemment développée pour fournir des données comparatives inédites sur les dépôts atmosphériques de microplastiques sur un site urbain pendant une période normale d'activité et une période de confinement national. L'objectif est de profiter de la réduction temporaire d'émissions majeures de microplastiques due à cette période d'activité urbaine fortement réduite pour :
- Obtenir des données empiriques sur l'impact immédiat des activités humaines sur les microplastiques atmosphériques ;
- Contribuer à de futures études de modélisation en produisant des données de dépôt atmosphérique de microplastiques sur un site urbain déjà étudié ;
- Documenter l'importance relative des précipitations et des sources d'émission sur le dépôt atmosphérique de microplastiques
Les dépôts atmosphériques totaux ont été collectés sur le campus de l’Université Gustave Eiffel à Champs-sur-Marne, à 15 km à l'est de Paris, entouré d'une densité de population d'environ 3 500 habitants/km2 dans un rayon de 5 km. L'échantillonneur était positionné à une hauteur d'environ 10 mètres au-dessus du sol, sur la partie plate d'un toit végétalisé d'un bâtiment du campus.
« Les expériences menées pendant le confinement révèlent des taux jusqu'à 6 fois plus bas qu'en période post-COVID. Cela souligne la présence d'un nombre significatif de particules dans l'atmosphère. La question qui se pose alors est la suivante : d'où proviennent celles qui persistent ?»
Plusieurs sources potentielles de microplastiques ont été identifiées autour du site d'échantillonnage, notamment des infrastructures de transport, des travaux de construction, et la présence quotidienne d'étudiants et de travailleurs sur le campus.
Au total, 1498 microplastiques ont été identifiés au cours des deux campagnes de surveillance menées en 2020 et 2021.
Ces résultats contribuent, au niveau mondial, à éclairer la compréhension des dynamiques complexes des microplastiques atmosphériques, tout en soulignant l'importance de l'activité humaine et des conditions météorologiques dans ce phénomène.
Références :
- Lien vers l’article : COVID Lockdown significantly impacted microplastic bulk atmospheric deposition rates
Co-auteurs :
- Max Beaurepaire, Leesu (Laboratoire Eau, Environnement et Systèmes Urbains), École des Ponts ParisTech
- Bruno Tassin, Leesu (Laboratoire Eau, Environnement et Systèmes Urbains), École des Ponts ParisTech
- Rachid Dris, Leesu (Laboratoire Eau, Environnement et Systèmes Urbains), Université Paris-Est Créteil
- Johnny Gasperi, LEE (Laboratoire Eau et Environnement), Université Gustave Eiffel