Le dialogue entre la recherche et l’action publique au cœur des journées R&AP
70% des Européens pensent que des éléments scientifiques doivent alimenter les débats pour étayer les décisions politiques et consolider la confiance entre les citoyens et les gouvernements. C’est à partir de ce constat rappelé par David Mair, directeur au sein du Centre Commun de Recherche de la Commission Européenne (le JRC), que les journées Recherche & Action Publique ont été lancées les 10 et 11 octobre 2024. Plus de 150 participants, scientifiques et porteurs de politiques publiques, se sont réunis sur le campus de l’Université Gustave Eiffel à Marne-la-Vallée pour aborder le lien et les interactions entre la recherche et l’action publique.
Comment encourager le dialogue et les coopérations entre la recherche et les acteurs publics ? Quels dispositifs pour soutenir ce dialogue tout le long du processus de production et de vie des politiques publiques ? Quels sont les obstacles qui empêchent certains acteurs de dialoguer ? Dans quelle mesure le contact avec les problématiques publiques nourrit-il la recherche et alimente-t-il la définition et la mise en œuvre de politiques publiques pour le bien commun ?
Autant de questions et de réflexions que ces journées, coorganisées par l’Université Gustave Eiffel, INRAE, le Cerema et la fédération de recherche TEPP du CNRS (théorie et évaluation des politiques publiques) en partenariat avec la communauté d'agglomération de Paris-Vallée de la Marne, ont permis de partager à l’aune des grands enjeux contemporains qui parcourent les politiques publiques. Dans un monde complexe marqué par une crise de l’information, « Il faut créer des connexions entre les chercheurs et porteurs de politiques publiques. L’écosystème ne s’organisera pas seul, cela demande des efforts de dialoguer, a précisé David Mair, lors de son intervention d’ouverture. A cela s’ajoute une crise de confiance dans les institutions et les gouvernements, dont la position doit pouvoir être réaffirmé en s’appuyant sur des preuves et éléments scientifiques. »
Une grande variété de sujets a ainsi été abordée tels que les risques naturels, la gestion de l’eau, l’agriculture, l’intelligence artificielle, la sécurité routière, les politiques d’inclusion, ou encore les transitions climatiques. « La recherche et l’action publique, c’est une galaxie qui comprend un nombre considérable d’objets », a relevé Yannick L’Horty, co-organisateur et directeur de la fédération Théorie et évaluation des politiques publiques. Cet éventail d’objets d’études montre l’étendue des attentes envers les travaux de recherche, et aussi la nécessité de rendre le discours scientifique plus accessible par les décideurs et les citoyens.
Vulgariser les résultats scientifiques, développer des outils et des méthodes pour encourager les échanges, permettre aux chercheurs de s’impliquer dans les processus de production de l’action publique, avec ses étapes et ses codes, et permettre aux acteurs publics de comprendre la temporalité et les exigences de la recherche, sont autant de sujets qui ont été abordés lors de ces journées. Le dialogue entre les sciences et les politiques publiques « est une interface qui ne va pas de soi, qui doit être active. Il faut penser autrement, avec un petit pas de côté, dans le cadre de démarches et dispositifs innovants, et développer des moyens dédiés et des compétences idoines », a affirmé Patrick Flammarion, directeur général délégué à l'expertise et à l'appui aux politiques publiques d'INRAE.
- Connecter la recherche et l’action publique à toutes les échelles
L’action publique se déploie par ailleurs à toutes les échelles, représentées lors de ces deux journées de réflexion : villes, départements, régions, ministères, institutions européennes. A chacune de ces échelles, les acteurs s’intéressent à la relation entre la recherche et l’action publique et s’accordent à penser qu’il est nécessaire de la renforcer davantage.
La Ville de Paris, par exemple, expérimente une nouvelle interface Ville-Recherche sur la transition socio-écologique et a présenté les carnets Ville-GREC francilien produits à l’issue d’un travail collaboratif entre les chercheurs et les services de la ville. La métropole de Nantes a mis en avant la collaboration recherche-collectivité sur les enjeux de la fabrique de la ville. « La première fonction de la recherche scientifique est de trouver les questions ! Les politiques territoriales sont des terreaux extraordinaires pour cela » a souligné Gérard Eude, 1er Conseiller Délégué au Développement Économique, à l'Enseignement Supérieur et à la Recherche, à la communauté d’agglomération Paris-Vallée de la Marne.
L’action au plus près des territoires, dans leur diversité, s’inscrit dans l’ADN de l’Université Gustave Eiffel. « Notre mission d’appui aux politiques publiques témoigne de l’importance de cette relation avec nos écosystèmes et nos territoires » a souligné Corinne Blanquart, 1ère Vice-Présidente de l’Université Gustave Eiffel. L’ancrage local définit aussi les missions du Cerema qui apporte savoirs scientifiques et techniques aux acteurs territoriaux pour élaborer les politiques publiques. « La recherche permet de déverrouiller un certain nombre de blocages pour les acteurs publics », observe Pascal Berteaud, directeur général du Cerema.
Le succès des premières journées R&AP démontre l’intérêt de pérenniser cet espace de dialogue et de rencontre chercheurs-acteurs, aux côtés des autres dispositifs que développent notamment l’Université Gustave Eiffel et ses partenaires. Les organisateurs réfléchissent déjà à la prochaine édition.