Le LVMT célèbre 20 ans de recherches sur les villes et les mobilités durables
Focus groups, cartes mentales, parcours commentés, micros-trottoirs… En quoi ces « méthodes sensibles » qui interrogent les usagers et leurs pratiques contribuent-elles à améliorer les projets d’aménagement urbain ? La question sera au cœur de la 1re journée scientifique organisée le 16 mars à l’occasion des 20 ans du LVMT. Implantée sur le campus de la Cité Descartes depuis 2003, cette unité mixte de recherche entre l’Université Gustave Eiffel et l’École des Ponts ParisTech (ENPC) rassemble près de 90 chercheurs en sciences sociales et en sciences de l’ingénieur spécialisés en économie, anthropologie, géographie, aménagement, informatique, mathématiques appliquées...
« L’interdisciplinarité et la pluralité des approches font la spécificité et la richesse du LVMT pour étudier des objets comme la ville, la mobilité, les flux de personnes et de biens ou la réglementation des services et des usages du sol.Le laboratoire fait par exemple dialoguer des modélisateurs avec des sociologues, c’est assez unique. » Pierre Zembri, Directeur du LVMT.
En phase avec les enjeux sociétaux
VTC, rôle du smartphone dans les pratiques de mobilité, démotorisation, autopartage et covoiturage, plateformes de livraison instantanée, véhicules autonomes… Autant de sujets dont les équipes du LVMT se sont emparées bien avant qu’ils fassent la une.
« En s’intéressant aux pratiques et aux citoyens, nous avons été précurseurs sur de nombreux sujets tels que les mobilités douces, les ZFE (zones à faibles émissions), la démotorisation ou encore le télétravail. Une thématique qui nous occupait bien avant la crise sanitaire et sur laquelle nous sommes très sollicités aujourd’hui » précise Anne Aguilera, chercheuse au LVMT.
« Nos travaux ont souvent une dimension exploratoire qui nous place au cœur des évolutions sociétales » confirme Pierre Zembri, directeur du laboratoire.
Pratiques de mobilité et imaginaires urbains ; territoires et acteurs ; conception territoriale ; service et usager : quatre axes thématiques structurent les recherches du LVMT. Souvent investis dans des projets transverses, les chercheurs collaborent avec d’autres laboratoires nationaux et internationaux mais aussi des acteurs publics et privés du transport et de l’aménagement : collectivités territoriales, décideurs publics, Ademe, RATP, SNCF, Transdev…
Ces travaux sont menés dans le cadre de projets soutenus par des financements variés issus de l’Agence nationale de la recherche, du programme Horizon Europe ou de Chaires à l’instar du « Lab recherche environnement », chaire dirigée par Nicolas Coulombel.
Établie en partenariat avec le groupe Vinci, AgroParisTech et MINES ParisTech, cette chaire « est destinée à réduire l’impact environnemental des bâtiments et des infrastructures, notamment en améliorant l’écoconception de la mobilité et des systèmes de transport » résume son directeur scientifique.
Il l’assure : « L’atout du LVMT est le dynamisme de son collectif : nous avons des équipes très motivées qui permettent d’impulser des travaux communs stimulants. »
Membres de plusieurs réseaux de recherche européens et internationaux, le LVMT s’intéresse par ailleurs aux pays du Sud, en particulier dans le cadre de l’observatoire mondial des plateformes de MaaS (Mobility as a Service) lancé en 2020.
« Ces pays connaissent les plus forts taux de croissance démographique et d’urbanisation au monde. De nombreuses innovations de mobilité y sont développées » commente Anne Aguiléra. « Faible taux de motorisation, systèmes de transports informels qui évoluent très vite, développement massif des modes de transport intermédiaires (taxis, moto-taxis, minibus…) : les caractéristiques des systèmes de mobilité dans ces pays présentent de forts contrastes avec les nôtres » souligne Pierre Zembri.
Des journées d’études pour partager et ré-interroger 20 ans de recherches
5 temps forts rythmeront, tout au long de l’année, l’anniversaire du LVMT. Les 4 premiers (16 mars, 15 juin, 25 mai et 6 octobre) se traduiront par des journées scientifiques destinées à débattre de nouvelles thématiques et méthodologies innovantes, incluant des travaux de doctorants.
Gratuites mais sur inscription, elles porteront par exemple sur la mobilité et le développement économique des villes moyennes françaises ou les questions de genre. Incontournable journée de bilan et de prospective, un dernier événement, sur invitation, se tiendra le 17 novembre. Les « anciens » du laboratoire - aujourd’hui en poste dans des structures de recherche, des collectivités, des opérateurs de transport et d’aménagement ou des bureaux d’études - et différents partenaires seront conviés à débattre autour de tables rondes visant à se projeter dans les grands enjeux scientifiques d’aujourd’hui et de demain.
Enfin, une nouvelle version d’une publication commune, initialement parue en 2016, est également en préparation : « Les Mots du LVMT ».
« Il ne s’agira pas d’un dictionnaire mais d’un recueil de regards croisés sur des problématiques et des recherches associées au laboratoire » détaille Anne Aguilera. Y figureront de nombreux termes comme intermodalité, congestion, micromobilité, tiers-lieux de travail…