Le partage du volant dans les couples : résultats d’action de recherche des laboratoires MODIS et DEST

Les recherches sur la mobilité et l’accidentologie montrent que les femmes décèdent moins que les hommes sur la route et sont moins responsables d’accidents mortels alors qu’elles se déplacent autant en voiture. Mais ces chiffres ne disent pas qui conduit lorsque les deux membres du couple se retrouvent dans la même voiture.

Pour pallier l’absence de données sur cette question et pour analyser les pratiques en la matière, les laboratoires MODIS ((Mobilité Durable, Individu, Société) et DEST (Dynamiques économiques et sociales des transports) de l’Université Gustave Eiffel ont monté une action de recherche, fondée sur une enquête par questionnaire individuel auprès d’un échantillon représentatif de la population française en termes de sexe, d’âge, de CSP, de taille du foyer et de taille d’agglomération. Alors femme ou homme au volant ?

Les recueils ont porté sur les déplacements faits en couple lors des déplacements de longues distances, en week-end et pour les vacances, ainsi que pour les déplacements locaux pour le travail, les achats, les visites à la famille ou aux amis, les rendez-vous médicaux. Les répondants ont également été interrogés sur leur ressenti concernant la conduite et le partage du volant.

Qui conduit le plus souvent ?

Pour les achats et surtout pour les vacances - les deux motifs de trajets les plus partagés par les couples - c’est l’homme qui conduit, pour la majorité des répondants. Il n’y a qu’un petit tiers pour lesquels c’est toujours ou le plus souvent la femme qui conduit.

Qui décide qui conduit ?

Quel que soit le motif du trajet, c'est l'homme qui décide qui conduit plutôt que la femme. Les hommes et les femmes répondent cependant différemment à cette question : les hommes interrogés déclarent à 5è% être celui qui écide tandis que pour la majorité des femmes (50%) la décision est partagée, ou le fait de l'homme pour 33% d'entre elles.

Le ressenti

L’analyse du ressenti exprimé fait apparaitre des différences entre les hommes et les femmes, ces dernières se déclarant plus souvent mal à l’aise quand elles conduisent en présence de leurs conjoints et plus souvent gênées par leurs critiques sur la façon dont elles conduisent quand ils en expriment.

Ces données, les premières sur ce thème au niveau national, vont servir de base objective de questionnement dans le cadre d’une thèse de doctorat en psychologie, visant à explorer les déterminants psychologiques du partage de la conduite dans les couples chez les automobilistes et les motards.

Le laboratoire MODIS (Mobilité Durable, Individu, Société)

Il rassemble des chercheuses et chercheurs unis autour d’une motivation commune à œuvrer dans le sens d’une mobilité inclusive, durable et sûre. Notre approche scientifique est centrée sur les besoins humains, individuels et collectifs, et vise à favoriser une mobilité vivable, viable et équitable, permettant l’utilisation de modes de déplacements plus favorables à l’environnement par tous les usagers. Dans la suite de l’accessibilité universelle et du design for all, les travaux porteront notamment sur les actuels et futurs utilisateurs des modes de déplacements doux et actifs afin d’améliorer le bien-être et la sécurité perçue de ces modes et d’accroitre leur utilisation, et sur les catégories de population ayant des besoins de mobilité et de sécurité spécifiques.

Le laboratoire Dynamiques économiques et sociales des transports (DEST)

Le transport est confronté à des enjeux majeurs, notamment économiques, sociaux et environnementaux. Face à ces enjeux, les politiques publiques cherchent à orienter l’évolution des systèmes de transport pour qu’ils soient plus durables (sur les trois plans économique, social et environnemental), et de meilleure qualité. Les comportements de mobilité évoluent aussi sous l’influence d’autres facteurs, démographiques et sociétaux. De plus, la demande de transport est fortement liée au système de localisations. L’ensemble de ces dynamiques pose des questions de recherche passionnantes que DEST investit depuis de nombreuses années, et a naturellement intégrées dans la stratégie scientifique de l’Université Gustave Eiffel.