L'être et la mer. Pour un existentialisme écologique, le nouvel ouvrage de Corine Pelluchon
A travers cet ouvrage, Corine Pelluchon suppose de rompre avec l'imaginaire terrestre et de partir en mer, au sens propre du terme. Elle propose de penser l'humain en partant de la mer pour ne plus envisager les choses seulement à partir de l’être humain et de son point de vue limité, de son rivage.
Tout en soulignant l'actualité de l'existentialisme, à partir de L'être et le néant de Sartre qui implique d'accepter la matérialité de notre condition et éclaire le lien entre contingence et liberté, indétermination du sens et responsabilité, Corine Pelluchon montre que l'écologie exige de l’enrichir.
« L'existentialisme écologique ne se réduit pas au coexistentialisme attestant notre appartenance à une communauté de vivants. »
Reposant sur une ontologie liquide, Corine Pelluchon nous propose de rompre avec notre obsession territoriale, qui explique nos difficultés à sortir d’un rapport instrumental à la nature et explique certaines contradictions du droit international de la mer. En effet, nous sommes déchirés entre l’impératif de la préservation et de la protection de l’océan et les rivalités économiques et militaires conduisant à sa surexploitation. En cessant de voir la mer comme ce qui entoure nos continents et en considérant l’unicité de l’océan ainsi que sa préséance sur les terres qui sont émergées, comme des îles, on renverse la perspective. En voyant la terre à partir de l’océan, on comprend que la terre est une surface fragile et submersible ; on ne sépare plus ce qui se passe en mer et ce qui se passe sur terre et notre condition insulaire qui souligne à la fois l’unité et la diversité de l’humanité nous conduit à penser une thalassopolitique nous aidant sortir des contradictions du droit de la mer et à coopérer pour éviter un naufrage commun.
Ainsi, pour Corine Pelluchon, l’existentialisme écologique, qui suppose de prendre la mesure de l’ambivalence de l’être humain et qui est adossé à une ontologie marine, est une ressource pour affronter les crises actuelles. Sa phénoménologie de la vie marine met en évidence la fluidité du moi. En concevant notre immersion dans le monde commun, qui renvoie à la mémoire et à l'immémorial, à la mer-mère, mais aussi à la mort, elle rompt avec toute pensée de l’enracinement et invite à reconnaître la porosité des frontières entre le passé, le présent et l’avenir, ainsi que notre interdépendance.
Paru aux éditions PUF le 11 septembre, L'être et la mer. Pour un existentialisme écologique.
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