« Lexique de la construction sociale des différences » : un outil inédit pour penser les catégories sociales

« Les catégories, pour quoi faire ? », « En quoi permettent-elles d'exercer, de légitimer, ou de subvertir les rapports de pouvoir ? ». Ce sont les premières questions que l’ouvrage vous invite à vous poser. Pour parvenir à y répondre, un collectif de jeunes chercheurs issus de diverses disciplines a collaboré pour créer un ouvrage intitulé : "Lexique de la construction sociale des différences". Cet ouvrage, co-dirigé par Marlène Bouvet, Florent Chossière, Marine Duc et Estelle Fisson, propose une exploration approfondie des catégories sociales et de leurs liens avec les rapports de pouvoir. À travers 48 synthèses thématiques, ce lexique offre une réflexion inédite et accessible sur les processus de catégorisation, enrichie par des perspectives pluridisciplinaires et des exemples contemporains.

Fruit de six années de travaux, cet ouvrage a été soutenu par le laboratoire junior « Altérités, marginalités, catégorisations » une structure temporaire de recherche de l'ENS Lyon. Cette initiative s’inscrit dans une démarche de formation à la recherche par la recherche, visant particulièrement à encourager l’interdisciplinarité.

L’ouvrage réunit des contributions de 51 auteur·ices, enrichies par les relectures d’une trentaine d’expert·es venant de divers horizons disciplinaires et géographiques.

« Nous avons voulu créer un outil multidisciplinaire qui permette de penser les catégories sociales de manière critique et nuancée. », explique Florent, chercheur postdoctoral à l'Institut Convergences Migrations - CNRS et docteur de géographie, associé au laboratoire Analyse Comparée des Pouvoirs de l'Université Gustave Eiffel. « Ce qui rend notre lexique unique, c'est son approche collaborative et la diversité des perspectives que nous avons incluses. Nous avons veillé à diversifier les perspectives disciplinaires, théoriques, et de même pour les exemples. », complète Marine Duc, docteure en géographie, Attachée Temporaire d'Enseignement et de Recherche à L'Université Gustave Eiffel, laboratoires Analyse Comparée des Pouvoirs et Passages.

Cet ouvrage se veut comme une ressource incontournable pour la communauté étudiante, les chercheurs, chercheuses et toute personne intéressée par les sciences sociales et les dynamiques de pouvoir. En proposant une approche pluridisciplinaire et pédagogique, il permet de penser les processus sociaux au-delà des catégories figées et d’enrichir le débat public.

Estelle Fisson, enseignante en socio-histoire à l'EHESS Paris, insiste sur l'importance pédagogique de l'ouvrage : « Nous avons fait un véritable travail de pédagogie pour rendre ces concepts accessibles à un large public. Chaque notice thématique présente une définition claire et des exemples contemporains, afin de rendre les notions compréhensibles et applicables. ».

Comme souligné dans l’introduction de l’ouvrage, l’intention est de  « […] brasser les catégories, en faire un usage intellectuellement honnête quelle que soit leur provenance, chausser les bonnes lunettes pour affiner l’explication des comportements sociaux. ».

Un pari que Marlène Bouvet, docteure en sociologie ayant fraîchement soutenu sa thèse à l'ENS de Lyon, espère réussi. Elle conclut : « En déconstruisant les idées reçues et en questionnant les catégories utilisées dans le débat public, nous espérons offrir une nouvelle perspective sur la performativité des mots et des labels qui circulent dans la société. Les 48 concepts présentés donnent à voir les liens entre catégories, production des inégalités et invisibilisation des groupes (“Genre”, “Sexualités”, “Âge”, “Migrants”, “Classes sociales"., "Corps", "Humains, non-humains"...). Penser les catégories, c’est donc s’intéresser aux transformations historiques de vieilles représentations (“Stéréotypes”, "Déviance"), mais aussi saisir la mécanique du changement social, comme la psychologisation de la société, la montée en puissance d'une lecture biologique des comportements, ou la contestation des catégories à travers les mobilisations collectives (“Psychologisation”, “Biologisation”, “Action collective”) ».